« À 37 ans, on m’a diagnostiqué un cancer du sein à un stade déjà bien avancé. Après une opération chirurgicale pour enlever la tumeur, j’ai dû entamer une longue série de séances de chimiothérapie.

Ma tignasse épaisse a perdu tout son éclat en quelques jours. Puis elle a commencé à tomber, mèche par mèche. La meilleure solution était de tout raser. Je me rappelle encore le bruit de la tondeuse… Quand, dans le miroir, je me suis vue chauve, j’ai eu l’impression que ce n’était plus moi. Comme si j’avais disparu avec mes cheveux.

Lire aussi : Top 3 des femmes leaders ivoiriennes de moins de 40 ans les plus impactantes…

Pour que mon «changement de look» ne perturbe pas mes cinq enfants, j’ai décidé de porter une perruque choisie peu avant chez une coiffeuse spécialisée. Cela m’évitait les regards apitoyés.

Cet été-là, le corps cassé, vidée de toute énergie après chaque séance de chimio, je suis restée alitée. J’avais un cahier que j’emportais partout avec moi. Un jour, j’ai fait des croquis d’une petite bonne femme imaginaire avec, sur la tête, cinq cheveux – comme mes cinq bambins. J’ai dit à mon personnage:

«Toi, je vais te faire chauve et moche.» Mais, finalement, il n’était pas si affreux! J’ai même éprouvé de la compassion pour lui. Et quand mes enfants sont rentrés de l’école, ils sont aussitôt tombés sous le charme de Razetacouette, mon alter ego. Ce qui m’a encouragée à continuer de mettre en scène ma «pote des mauvais jours».

Lire aussi : Elle abandonne tout aux États-Unis pour se consacrer à la chocolaterie dans son pays.

Grâce à elle, comme par magie, en quelques traits de crayon je pouvais transformer des situations dramatiques en scènes cocasses qui donnaient le sourire à mes petits. Tout à coup, leur maman malade devenait une héroïne de BD. Ma famille et mon oncologue ont trouvé dommage que les aventures de Razetacouette restent dans un tiroir, alors qu’elles pouvaient donner du courage à d’autres malades atteintes de la même maladie.

C’est ainsi qu’est né mon livre «Razetacouette, son chat et sa perruque vagabonde», où ma perruque et mon chat roux – qui venait se coucher sur ma tête nue durant la nuit – tiennent un rôle central. Edité à compte d’auteur, mon ouvrage s’est écoulé très vite. J’en suis à la quatrième réédition.

Grâce à ce personnage qui a vu le jour sous ma plume et qui est désormais comme un membre de ma famille, j’ai noué de nombreux contacts dans plusieurs pays. »

Carole G

Partager cet article